L’entrepôt à la une !

22 avril 2019

UNE SEMAINE A L’ENTREPOT DES CLAYES

Chaque lundi durant la campagne d’hiver, 3 ou 4 semi-remorques déchargent leurs marchandises à l’entrepôt des Clayes-sous-Bois, soit quelque 132 palettes. Puis au fil de la semaine, les activités se poursuivent. Bon pied bon œil, Jacques règne en maître sur son entrepôt de quelque 1 300 m2. 

Après des années dans la logistique, qui l’ont mené jusqu’en Belgique, au Canada et au Japon, Jacques a rejoint les Restos en 2007 où il a commencé en tant que chauffeur-livreur pour les produits surgelés. Depuis 2012, il règne en maître sur son entrepôt qu’il a entièrement réorganisé. Ce formidable meneur de troupes est sur le pont dès 6h15 tous les matins, certains jours dès 5h45. « C’est toujours mieux quand on est là pour réceptionner et puis, on a droit au sourire du chauffeur, c’est important ! » explique-t-il avec un clin d’œil amusé. Rien de tel que les blagues et les bonnes histoires au cul du camion pour bien démarrer une journée. Sans oublier les odeurs prononcées qui s’échappent du camion-frigo des fromages après quelques heures de route, ce que Jacques ne manquerait pour rien au monde …

 

Du lundi au vendredi, pas le temps de s’endormir

Généralement, une semaine à l’entrepôt durant la campagne d’hiver se déroule de la façon suivante :

Lundi : Récupération des produits ambiants fournis par le National + les produits distribués par l’Europe, soit au total 45 tonnes en moyenne.

Mardi : Réception des primeurs, fruits et légumes, soit entre 6 et 9 tonnes pour la semaine, qui sont aussitôt redispatchés vers les centres.

Mercredi : Réception des produits laitiers et œufs, soit 6 à 9 tonnes, et redistribution avant la fin de semaine.

Lundi, mercredi, jeudi et vendredi : Mise en place des livraisons vers les centres.

Le jeudi et le vendredi, une vingtaine de camions partent livrer les centres. « Ce n’est pas le moment de s’endormir » souligne Jacques, non sans ajouter « mais pas le vendredi non plus … ».

Enfin, tous les jours de la semaine en hiver, les surgelés partent de Trappes vers les centres, soit 700 à 800 kg par jour (poissons, viandes et autres produits difficiles à distribuer lorsqu’il sont frais, soit une vingtaine de denrées différentes).

Une organisation en flux tendu

Toutes les semaines, chaque centre transmet les quantités qui lui seront nécessaires. Dans les petits bureaux attenants à l’entrepôt, Michel se charge de faire le point sur le nombre de repas qui seront servis dans chaque centre, de gérer les approvisionnements et d’établir le relais informatique entre l’entrepôt et les centres. « On travaille en flux tendu. Durant la campagne d’hiver, je passe mes commandes auprès du National pour 3 semaines, en fonction des demandes » explique Michel. « Lorsqu’un centre récolte suffisamment avec la ramasse, il nous envoie une dérogation ». Actuellement, l’entrepôt décline en moyenne 15 à 20% des quantités prévues à l’origine par le National.

En effet, d’année en année, les quantités récoltées par les Restos des Yvelines augmentent. 2014 : 115 tonnes ; 2015 : 152 tonnes ; 2016 : 165 tonnes. C’est une excellente nouvelle mais il faut assurer derrière. Ainsi, cette année, il s’agit de gérer 333 palettes (de 32 cartons chacune), et 40 palettes de couches, soit 377 palettes au total, ce qui n’est pas une mince affaire.

Dans le vaste hangar, les palettiers[1] sont organisés en prévision des livraisons. Les 3 premiers palettiers sont toujours consacrés aux départs de la semaine, classés par centres. Chaque semaine, ce sont 40 tonnes de produits ambiants[2] (riz, pâtes, conserves, etc) qui repartent vers les centres.

Palettes et mouvement perpétuel

Au fil des 7 rangées qui s’étirent jusqu’au fond de l’entrepôt, les cartons sont alignés et rangés dans les règles de l’art : là, compote de pommes, compote pomme-banane, compote poire-pomme, ici mini-cakes, mini-génoises, etc. Plus loin, tomates pelées, ratatouille  … à chaque produit, sa place précise. Il y a un code pour chacun d’entre eux, différent pour le dentifrice, la mousse à raser, la brosse à dents, etc. Par exemple, tout ce qui provient de la Collecte nationale est étiqueté dans  les 12 000, les produits européens sont classés dans les 15 000. La 8ème rangée est toujours réservée au lait. L’ensemble des rangées est en mouvement permanent, car il faut faire évoluer la structure au fur et à mesure des arrivées.

Jusqu’à cette année, l’entrepôt louait des locaux supplémentaires, soit environ 300 m2, mais ce n’est plus le cas. « On se débrouille avec la surface qu’on a, mais c’est toute une organisation, car il faut sans cesse libérer de la place au sol » raconte Jacques.  Pour homogénéiser les produits, il faut re-manutentionner en permanence. « On remue en moyenne 6 à 7 fois chaque palette, avec une nouvelle pesée à chaque étape ». Au final, cela revient à bouger l’équivalent de 2 200 palettes chaque année ! « Bref, il faut sans cesse repenser le système et chercher à économiser ses énergies », mais Jacques apprécie, partant du principe que c’est un bon moyen de « faire montre de créativité, ce qui évite de s’installer dans la répétitivité ». Tous les jours, il s’interroge : Que peut-on mettre en place pour optimiser ?

Une équipe de bénévoles polyvalente et efficace

3 salariés (contrats aidés) sont là tous les matins et le lundi après-midi pour seconder Jacques. Une trentaine de bénévoles sont présents à l’entrepôt pratiquement tous les jours de la semaine. « J’ai une équipe polyvalente qui sait y faire, assurer la permanence pour l’entrepôt et pour les centres de distribution ». Parfois, il faut savoir réagir au pied levé : « Certains jours, Auchan m’appelle, si ça vous intéresse, envoyez nous deux camions, et hop hop hop, c’est parti ». Derrière, Jacques sait qu’il peut appeler à la rescousse et qu’il y a du monde pour réagir tout de suite. Ainsi au mois d’avril, il a fallu trier 1 300 cartons BB provenant de la Collecte nationale et une bonne équipe de bénévoles a répondu présent.

Parfois, des producteurs contactent directement l’entrepôt parce qu’ils ont des surplus de pommes, choux fleurs, etc. Et là encore, il s’agit de réagir vite et bien. « Mais pour que l’entreprise soit rentable et que le producteur puisse affréter un chargement vers Rungis, il faut commander 3 palettes minimum » explique Jacques.Et quand celui-ci doit s’absenter, que se passe-t-il ? Jacques n’est pas inquiet, la machine peut continuer à tourner sans lui. D’ailleurs, il est le premier à dire que « tout le monde doit s’entraider et qu’on peut sans problème sortir de son rôle ».

 

 


[1] Etagère conçue pour stocker les palettes

[2] Produits qui se conservent à température ambiante